REGARD SUR L'ACTUALITÉ — Qui détient les clés de la Maison-Blanche ?

François Dominic Laramée — Programme de doctorat en histoire

REGARD SUR L’ACTUALITÉ — Qui détient les clés de la Maison-Blanche ?

Oubliez les sondages nationaux : ce sont les électeurs d’une poignée d’États qui détermineront l’issue de l’élection présidentielle américaine de novembre.

Le 8 novembre, les Américains ne voteront pas pour élire un président ou une présidente. Ils choisiront plutôt les 538 « grands électeurs » membres du Collège électoral, une curieuse institution dont le seul rôle consiste à désigner les futurs occupants de la Maison-Blanche et leurs vice-présidents.

Comment fonctionne ce Collège électoral ? Sauf au Maine et au Nebraska (où une partie des délégués représente des circonscriptions électorales définies géographiquement), les grands électeurs d’un État votent en bloc pour le candidat ou la candidate qui y reçoit la majorité du suffrage populaire – et ce, peu importe sa marge de victoire. Or, dans la plupart des États, l’identité du vainqueur ne fait déjà aucun doute. À moins d’un miracle, les républicains gagneront le Texas et les États ruraux du Sud et du centre du pays, tandis que la côte Ouest et le Nord-Est, plutôt urbains, se rangeront dans le camp démocrate. Chaque parti bénéficie ainsi d’avantages structurels : les démocrates dominent plusieurs gros États pesant lourd dans le Collège, dont la Californie et l’État de New York, tandis que les républicains ont la mainmise sur de nombreux mais petits États.

Aucun des deux partis ne peut cependant considérer comme sûrs assez d’États pour dès maintenant penser remporter l’élection. Les candidats accorderont donc une attention démesurée à la poignée d’États populeux où l’issue est incertaine : la Floride, l’Ohio, la Caroline du Nord et la Virginie. Ceux-ci ont tous voté pour Obama par de faibles marges en 2008 et (sauf la Caroline du Nord) en 2012 ; pour l’emporter en 2016, les républicains pourraient devoir les remporter tous les quatre. Grosse commande ! Quant aux militants d’un parti qui habitent dans des États gagnés d’avance à la cause de l’adversaire, ils peuvent avoir la désagréable impression que leur vote ne compte pas…

En pratique, le Collège électoral élit presque toujours le candidat qui obtient la majorité du vote populaire national. Ce ne fut cependant pas le cas en l’an 2000, lorsque George W. Bush a profité d’une répartition plus efficace du vote conservateur pour battre Al Gore à 271 votes contre 266 au Collège électoral, même si Gore avait obtenu 550 000 voix de plus à l’échelle nationale. Afin d’éviter ce genre de résultat à l’avenir, une dizaine d’États et le district de Columbia ont rallié le National Popular Vote Interstate Compact, s’engageant ainsi à accorder toutes leurs voix au Collège électoral au gagnant du vote populaire national. Toutefois, cette entente n’entrera en vigueur qu’au moment où les États membres de ce National Popular Vote Interstate Compact représenteront plus de la moitié du Collège. En attendant, gardez l’œil sur l’Ohio et sur la Floride.

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