REGARD SUR L’ACTUALITÉ — Contrer ces bactéries qui résistent

Marie-Pier Dinel — Programme de maîtrise en chimie

REGARD SUR L’ACTUALITÉ — Contrer ces bactéries qui résistent

Les infections causées par des bactéries résistantes aux antibiotiques sont de plus en plus communes et laborieuses à traiter. Dans ce contexte, en août 2017, le gouvernement du Canada a proposé un cadre d’action pancanadien afin de lutter contre la résistance aux antibiotiques

Le cadre d’action pancanadien Lutter contre la résistance aux antimicrobiens et optimiser leur utilisation, publié en août 2017 par le gouvernement du Canada, vise à contrer cette résistance en coordonnant des mesures de prévention des infections ainsi que la recherche et l’innovation. Parmi les éléments de ce rapport se retrouve l’arrêt de la vente libre des antibiotiques dans le domaine agricole dès décembre 2018 [1]. En ce moment, les animaux et les poissons d’élevage sont nourris préventivement avec des antibiotiques afin que leur croissance soit favorisée et les risques d’infection, réduits. Selon plusieurs études, les antibiotiques administrés aux animaux sont ingérés par les humains qui consomment la viande de ces bêtes. Avec cette modification au règlement, un vétérinaire devra diagnostiquer une infection chez l’animal malade avant de lui prescrire les antibiotiques nécessaires à sa guérison. La consommation préventive d’antibiotiques ne sera donc plus possible pour les élevages canadiens.

Parmi ce type de médicaments, les antibiotiques développés au 21e siècle ne représentent que 20 % de ceux utilisés aujourd’hui. Sachant que les résistances des bactéries se développent de plus en plus rapidement, la recherche de nouveaux antibiotiques doit absolument être accentuée et favorisée. Pourtant, la tendance inverse est observée. En effet, depuis les années 2000, le nombre de pharmaceutiques travaillant sur le développement de nouveaux médicaments antimicrobiens n’a cessé de chuter. Ces compagnies se tournent plutôt vers la recherche et le développement de médicaments pour les maladies chroniques tel le diabète, qui sont jusqu’à vingt fois plus rentables. Afin d’enrayer ce phénomène, la recherche et l’innovation représentent un élément important du cadre d’action pancanadien pour lutter contre la résistance antibactérienne.

Le gouvernement du Canada veut également favoriser le développement des méthodes de diagnostic au point de service. Pour ce faire, les Instituts de recherche en santé du Canada ont distribué à des équipes de recherche des subventions totalisant plus d’un million de dollars. L’utilisation d’outils rapides de suivi personnalisé des antibiotiques chez les patients dans le système de santé permettrait de cibler l’antibiotique nécessaire à la guérison du patient et d’en déterminer la quantité suffisante . Cette innovation mènerait à une utilisation adéquate des antibiotiques et éviterait la surconsommation.

Ainsi, le cadre d’action déposé par le gouvernement du Canada s’inscrit dans un élan mondial de sensibilisation à la résistance bactérienne. Il s’attaque à une problématique complexe qui nécessite une coordination entre les divers acteurs du milieu. Ce plan entraînera la mise en place d’actions concrètes afin de contrer la résistance aux antibiotiques.

Références

[1] Agence de la santé publique du Canada. (2017). Lutter contre la résistance aux antimicrobiens et optimiser leur utilisation : un cadre d’action pancanadien. Repéré à https://bit.ly/2v1QHZf

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