Volume 28 / No 3 / Automne 2019
« La lecture est une de mes plus grandes passions. À travers elle, on communique avec un autre être humain qui a pris le temps de réfléchir, de travailler, de peaufiner, de sculpter son récit pour qu’il puisse nous communiquer le meilleur de lui-même. C’est une conversation extrêmement privilégiée », confiait Charles Tisseyre, l’animateur de l’émission Découverte,dans une vidéo produite par Radio-Canada pour célébrer ses 70 ans.
J’avais justement dans l’idée d’aborder la littérature dans ce mot quand j’ai visionné cette vidéo. Les propos de M. Tisseyre confirment ce que j’ai toujours cru : la littérature participe à la rencontre avec l’Autre et renforce notre humanisme.
Corrigez-moi si je me trompe, mais je suis certaine que cette conviction profonde, qui m’habite depuis mon jeune âge, rejoint les préoccupations de l’écrivain. C’est, en d’autres mots, ce que déclarait Romain Gary (1914-1980) dans son discours de réception du prix Nobel de littérature en 1957 : « L’écrivain cherche à émouvoir le plus grand nombre. » Pour préciser davantage sa pensée, il ajoutait : « Les artistes ne méprisent rien. Ils s’obligent à comprendre au lieu de juger. »
Or, malgré ce rapport si essentiel entre littérature et société, une importante partie des auteurs d’ici n’arrivent pas à joindre les deux bouts, comme on dit. En cette période de sorties et de festivals littéraires, ces vitrines qui visent à augmenter la visibilité et la notoriété de nos auteurs québécois participent à l’impression que nous avons qu’ils vivent confortablement de leur métier. Hélas, la réalité est tout autre. L’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ) nous informait en novembre 2018 que le revenu moyen des écrivains québécois en 2017 dépassait à peine les 9 000 $. C’est aussi 90 % des répondants à ce sondage de l’UNEQ qui déclaraient ne pas avoir obtenu un revenu annuel de plus de 25 000 $ lié à leurs activités littéraires.
En bref, la majorité de nos écrivains et de nos écrivaines peinent à vivre de leur plume.
Voilà d’ailleurs pourquoi Le Devoira publié cet été une série d’articles intitulée L’écrivain au travail, afin de rendre compte de cette réalité peu reluisante du métier et, par la même occasion, présenter le parcours d’auteurs « qui gagnent leur croûte grâce à des boulots éloignés de la littérature ».
Romain Gary soutenait aussi dans son discours de 1957 que « l’écrivain peut retrouver le sentiment d’une communauté vivante à la seule condition qu’il accepte, autant que faire se peut, les deux conditions qui font la grandeur de son métier, soit le service de la vérité et celui de la liberté ».
Afin de leur conférer toute la liberté nécessaire à la création littéraire, je suis d’avis de reconnaître pleinement la valeur de leur travail.
Marie-Paule Primeau
Rédactrice en chef
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