FICSUM | Fonds d’investissement des cycles supérieurs de l’Université de Montréal

Le mot de la rédactrice en chef

Que nous réserve la prochaine année ? Cela fait plusieurs mois déjà que je me questionne sur l’après-pandémie. Je me pose en observatrice du monde. Je suis, d’emblée, de nature contemplative. Je me retiens donc de commenter, de juger, de décrier. C’est comme ça : même après un an et demi de pandémie, j’en suis encore à absorber et à tenter de saisir les divers enjeux qui découlent de la situation et leurs ramifications. 

Je ne sais pas pour vous, mais je trouve que la pandémie a été révélatrice de la personnalité des uns et des autres face aux nécessaires décisions quotidiennes pour la contrer. Chaque personne, par ses choix, a dévoilé sa singularité. Et peu importe de quel côté chacun penche, je ne crois pas me tromper en disant que la majorité d’entre nous ont tenté de trouver un équilibre entre individualisme et solidarité — mes besoins et mes valeurs par rapport à ceux de la collectivité.

Plusieurs personnes m’ont toutefois raconté des conflits avec des proches, particulièrement en ce qui a trait aux mesures sanitaires et à la vaccination. Par exemple, deux sœurs de la même famille qui ont des positions diamétralement opposées : une est provaccin ; l’autre, antivaccin. Eh bien, cela fait des mois qu’elles s’obstinent, compte tenu de la santé précaire du père. À n’en pas douter, nombre d’entre nous sont passés tout près d’une discussion houleuse avec un ami ou une amie, évitée de justesse grâce à beaucoup de délicatesse de part et d’autre. Mais cela ne se passe pas toujours aussi bien.

Sans contredit, nous sommes régulièrement confrontés à un choc des valeurs. Le respect des règles sanitaires est assurément vécu différemment d’une personne à l’autre. Autre exemple parlant : ma voisine, que j’adore, tient à son câlin lorsqu’elle me croise dans la rue, à l’épicerie ou dans notre jardin commun. J’ai gentiment refusé de la prendre dans mes bras jusqu’à récemment. Bien qu’elle soit âgée de 75 ans, elle n’y voyait aucun problème, alors que moi, je ne voulais pas risquer de la contaminer, et ce, même si j’étais — et je le suis encore — très respectueuse des gestes barrières. Mais qui sait… Le virus est, paraît-il, si sournois. Maintenant qu’elle a reçu ses deux doses et moi aussi, je l’ai récemment enlacée pendant plusieurs secondes. Ce moment était chargé d’une émotion bien particulière, peut-être celle de me réapproprier toute mon humanité.

Je nous souhaite donc une année où l’on pourra retrouver famille et amis sans le spectre de la COVID-19.